Tempête sous un crane, déprimons sous autotune ...
Du rap de dépressif au tramadol, avec un fond de rage contenue, mais où la hess domine, mélodiquement minimal, tellement gorgé d'autotune que celui-ci en devient musical, hypnotique et beau.
L'association de de deux lascars, deux faux frères, l'un aux textes, l'autre à la prod, l'antithèse salutaire à PNL. Une sorte de baume à l'âme ...
Alors que le printemps se déguise en été avant l'heure, confirmant le dérèglement climatique, la menace de l'hiver fait insidieusement de la résistance, distillant un soupçon d'inquiétude.
Certes il ne s'agit pas d'un hiver traditionnel, mais d'un hiver résultant de l'action humaine dans ce qu'elle a de pire, la terreur d'un cataclysme nucléaire.
De la froideur syncopée, à mi-chemin entre les ambiances brumeuses de Burial et les circonvolutions désincarnées des premiers Shakleton, discrètement relevée par un sample bien placé de Coil.
De quoi frissonner, sans impatience, en attendant la fin ...
Avec Voiron pas de mauvaise surprise, de l'acid house de qualité façonné par un artisan maitrisant son savoir-faire.
Du sample vocal millésimé, du riff acid, du "bon kick", du breakbeat qui défouraille, des variations , des respirations. Tout est mis en place pour ne pas savoir si ce track a 3 jours ou 30 ans.
Aussi l'espace de 3 minutes 38 secondes, il est bon de tout oublier du temps présent et de feindre l'innocence perdue, de nier les préoccupations sanitaires, politiques, géopolitiques, sociales, économiques, écologiques et de ne faire que danser, la tête vidée de toute cette merde du quotidien en profitant avec gourmandise de l'instant.
Où il est question d'esprits vagabonds, de spiritisme, d'une tentative d'exorcisme, de visions diaphanes, de volutes virevoltantes, de modification de la perception ...
Une sorte d'escapade, d'échappatoire à la pesanteur actuelle.
On prend le temps, on se cale tranquille et on se laisse porter par la tension sexuelle de ce track.
C'est moite, lent, ça évoque le plein des sens, le remplissage de réservoir à la lean, la défonce pépère, ça baise crument, librement sans se prendre la tête, entre meufs, avec sensualité, le sexe suppure à chaque seconde, poisseux, y en a un qui est en chien et qui tient la chandelle
Une épopée musicale, où l'intime, le flamboyant, le grandiloquent, l'universel, le simple se côtoient, se chevauchent, s’entremêlent.
C'est quasiment un orchestre symphonique, pour ne pas dire une armée (y a quand même 30 gus), prêt à déferler dans vos oreilles.
Un début calme, avec quelques accords de piano, une basse et un batteur, une guitare subtile s'adjoint pour le cool, chacun sur son motif.
Un vibraphone se joint au groupe, une seconde batterie entre en scène sur la droite, puis une trompette, dans un calme un peu moins serein.
Viennent les cordes, puis les chœurs, et cela commence à monter en tension et en intensité, crescendo.
Le drame se noue petit à petit.
C'est à présent un boléro fiévreux, empli de cuivres et vent divers, de batteurs qui sulfatent, d'un saxo qui lance des plaintes lancinantes ...
Et puis arrive ce petit break en haut de la montée, on se dit: "ça y est c'est plié, on a passé le plus haut, ça va dérouler pépère ..."
Effectivement Kamasi arrive et lance son solo, sauf que les batteurs, ce sont maintenant deux moissonneuses batteuses furibardes qui défoncent tout sur leur passage et que Kamasi il s'est fait greffer quelques paires de poumons et qu'il enchaine, un véritable cycliste sous EPO qui fait les tous les cols ...
Finalement un repos de cordes, mérité, permet de se remettre de cette montée, mais on suspecte que ce n'est pas encore terminé (logique il reste plus de 8 minutes).
Bien évidemment, pas de déception, un final feu d'artifice se met en place et claque.
Alors qu'est-ce que Truth, un mélange entre une quête de spiritualité à la Coltrane, un mysticisme spatial à la Sun Ra, le tout saupoudré de motifs simples, répétitifs et entrelacés de Reich.
Du dub minimal en provenance des mers lentes, d'où jaillissent de l'héroïne liquide et des vapeurs d'anxiolytiques.
Un ersatz frelaté du melodica d'Augustus Pablo pour faire un faux semblant de mélodie, une basse de celle dont se servent les décolleurs professionnels de papier peint, une batterie subtilement rapide dans sa lenteur, une voix qui conte avec une profondeur et une parcimonie sépulcrales la séparation.
Ça sent l'automne, le froid, l'humidité, l'ombre et la mort ...
Ce blog ressemble de plus en plus à un cimetière musical s'emplissant, inlassablement, jour après jour de nouveaux arrivants.
La livraison d'aujourd'hui amène le prolifique et protéiforme Richard H Kirk, membre des trop méconnus Cabaret Voltaire.
Ici une sorte de funk industriel décadent, où les Residents copulent sans vergogne avec Funkadelic (entre gens barrés on se comprend) sur fond de pandémie virale, un morceau visionnaire avec près de 40 ans d'avance sur la réalité ...
Quand tu n'en peux plus de ton taf, que tu le trouve aussi inutile que nuisible pour ta santé, quand tu as envie d'envoyer ton patron se faire encorner le fondement par un bon vieux bouc, alors il devient salutaire d'écouter Démission des Vilars.
Une gueulante aussi salutaire et jouissive qu'hilarante.
Affalé Vautré sur une banquette, après quelques verres de Ribbe Rossu du Clos Columbu et quelques autres de limoncello du Domaine de Mavela (autant dire que je me sens décontracté ...), je profite de la langueur chaude de la terrasse, apaisée par une légère brise, j'oublie les tracas du temps présent (covid, boulot ...) et je profite de l'instant Corse avec une certaine avidité, qui n'est que mollement perturbée par quelques rares moustiques qui ne daignent pas s'aventurer à planter leur rostre dans ma peau afin de boire mon sang trop hydroalcoolique.
Je me laisse paresseusement porter par les volutes pernicieuses de Out of this world de Coltrane.
Putain, c'est bon, d'échapper à ce monde à aussi peu de frais ...
L'enfant do est une berceuse tirée des "Berceuses du chat", initialement composée par Stravinsky, donc plutôt supposée être relaxante, reposant, apaisante ...
Ici quelque chose a dû partir en couille, car cette reprise est cauchemardesque, angoissante, étouffante, idéale pour passer une nuit horrifique ...
Toutefois il convient de concéder un effet répétitif qui dans une réalité alternative pourrait conduire à l'endormissement (enfin peut-être) ...
J'ai l'impression que c'était "il y a un an, il y a un siècle, il y une éternité" la dernière fois que j'ai publié un truc ici (2 mois quand même).
Un peu de lassitude, un soupçon de fatigue, à croire que le confinement ambiant avait également atteint mes oreilles et mon entrain musical ...
Oui, mais la situation ne s'est pas vraiment améliorée, ça pue toujours du bec même si avec un masque sur la face t'as intérêt faire attention à ton hygiène buccale si tu ne veux pas t'auto-intoxiquer ...
Alors que choisir, quelque chose d'à la fois entrainant et joyeux mais aussi empreint d'une nostalgie douce-amère saupoudrée de saudade; en l’occurrence un track deep house qui claque bien comme il faut relevé de quelques douceurs mélancoliques au piano et à la guitare, la fête triste symptomatique du temps présent ...
Souvenez-vous: Les animaux du monde et son générique avec Toco le Toucan.
Souvenez-vous mieux, voilà comme ça !
Et bien Toco au bout d'un certain temps il en a eu marre de voyager tout le temps, il est retourné au fin fond de sa jungle, s'est posé et a fait du funk suave et suant, genre un mélange entre Funkadelic, Prince et Dr Dre, autant dire que ça groove bien et que c'est cool.
Un beau bordel qui semble tout droit sorti d'un vinyle de 1990 qui aurait été retrouvé après une éclipse de plus de 25 ans, du breakbeat un peu crade entendu tant et plus, du sample sauvage de tous les riffs classiques de house/techno, des hook vocaux cramés, putain et pourtant ça le fait bien, ça claque sa mère la rave !
Pour faire simple ce track est encore plus bancal que la politique de Castex, c'est dire le niveau de l'exploit !
Rien ne va, tout est de travers, un peu pas à sa place, la mélodie réduite à un accord ressassé un nombre incommensurable de fois devenant hypnotique, la rythmique basique qui semble taper à coté avec tellement de persistance que ça doit être fait exprès, le gémissement sensuel (ringard depuis le French Kiss de Lil Louis) qui tente d'érotiser le morceau mais qui ressemble plus à un évier qui se débouche.
Il manque cependant le meilleur, le duo de chanteur; vraisemblablement les 2 lascars ont eu l'idée de produire ce track après une journée passée à picoler, il y en a un qui tente de prendre une voix grave, martiale et menaçante - mais n'est pas The Horrorist qui veut - qui provoque plutôt des fous rire. Son comparse n'est pas mieux logé, entendre sa voix revient à se masser une hémorroïde avec un mélange de sel et de citron: c'est inutile et douloureux, avec une voix comme ça tu fais plutôt mime dans la vie ...
Cependant cette accumulation de ratés a quelque chose d'attachant et on en viendrait presque à vouloir être cette Maria à qui ils s'adressent (enfin pas trop non plus).
Un scintillement intermittent, des cliquetis réguliers, du souffle continu, des crépitements discrets, un vrombissement profond et long, tout est paré pour un voyage dans l'infra-monde ...
Une petite tournerie de Coco Brice, de la jungle à l'ancienne avec une grosse basse et des vocaux féminins mutins enjôleurs, parfait pour chiller un vendredi soir ...
De l'art de savoir disparaitre à tout jamais sans se faire remarquer, mais toutefois bien caché au tréfonds d'un dub subtil, discret, élégant et enchevêtré ...