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Articles

Affichage des articles du décembre, 2015

COH - Fffetish (2000)

Bruissements, crissements, saturations, bourdonnements ... le pire c'est qu'au final cela donne de la musique, ardue surement et une reprise tourmentée d'un titre des Vicious Pink (cousins de Soft Cell). Et la reprise est bien meilleure que l'original, accentuant son coté malsain, appuyant sa puissance sexuelle évocatrice, renforçant sa perversité innée, grâce également à la voix saturée/susurrée/déformée de COH. Le fétichisme de COH est constitué d'aspérités, de rugosités, de rouille, de poussières, de fluides corporels indistincts, de sueur, de latex, de métal, de frottements, de désir contraint, de jouissance exprimée ... Subsiste une interrogation cruciale: quel est donc ce fétiche si puissant ? Le désir ?

Jah Wobble - Invaders of the heart Mix three (exotic decadent disco mix) (1983)

Une basse dantesque et galopante porte ce morceau de Jah Wobble, cavalcade fébrile faisant un grand écart entre des vues discoïdes et de l'ethnomusique. La rythmique disco abâtardie entraine subrepticement l'auditeur vers la "décadanse", sensation accentuée par les effets de réverbérations et d'échos contribuant à ce délitement progressif. En parallèle des intonations de musique arabisante ponctuent ce squelette, puis ce sont des voix arabes qui viennent scander leur mélopée. Enfin un trombone aux relents de ska échappés de Jamaïque finit de désorienter l'auditeur, le perdant définitivement dans un exotisme mondial, une chute contemporaine de l'Empire Romain.

Laurent Garnier - Coloured city (1998)

"... And you made love to me, Everything went blue, I was in ecstasy ..." Les plaisirs de la vie ...

Einstürzende Neubauten - Total eclipse of the sun (2000)

Les artificiers du bruit machinal et brut à contre emploi. Profondeur et langueur. Des cuivres, des vents et des cordes envoutants tissent une mélodie feutrée, une voix grave et chaude débute une narration que ponctuent des percussions assez primaires  puis s'insère une basse profonde qui fait chalouper l'ensemble, ne manque qu'un dernier élément des sons cristallins fragiles et aériens (sortis d'un étrange et rotatif instrument de percussion en verre, pour ceux qui veulent voir la bête il y a ce live ) pour en compléter la magie envoutante. Le calme d'une éclipse totale de soleil.

Nurse With Wound - Soliloquy for Lilith Untitled I (1988/Rééd 2015)

Comme un bourdonnement de violoncelle* déglingué et tourmenté aux tonalités basses avec en contre point douloureux exquis un larsen, une stridence aiguë maîtrisée. De cette opposition nait un inconfort qui paradoxalement provoque une sorte de sérénité, de béatitude. C'est l'éloge de la lenteur, de la circularité, c'est la dualité de deux mouvement parallèles antinomiques qui soliloquent. C'est en toile de fond l'évocation de Lilith, figure trouble qui peut être perçue de différentes manières: comme un démon de la nuit hostile et malfaisant ou bien comme une femme indépendante et libre ... tout dépend du point de vue. *bien qu'aucun violoncelle n'ait été utilisé pour cette pièce, ni aucun "instrument de musique". Soliloquy For Lilith by Nurse With Wound

The Mount Fuji Doomjazz Corporation - Roadburn (2013)

Pénétrons l'univers feutré et brouillé des The Mount Fuji Doomjazz Corporation . Éloge du bruissement, du flou, du lent, du grave, du sombre et du mystérieux. Arrêt momentané de l'écoulement temporel, pesanteur du son par strates, immersion profonde, inquiétude diffuse, accès de fureur contenue, saturation spatiale, beauté de l'horreur, respiration salutaire après apnée. Fascination incoercible ...

The Mission - Paradise (will shine like the Moon) (1990)

Finalement le paradis c'est bien plus simple que l'espèce d'espérance bouffie de bons sentiments sur un hypothétique après meilleur sous réserve de surcroit d'avoir agit hypocritement en suivant des dogmes stupides. Le paradis se résume à une joute, une danse nocturne effrénée entre un serpent et la lune sous le regard interloqué d'un loup qui n'en demandaient pas tant ... Les esprits pointilleux verront d'autres, comment dire, analogies. "Ride the snake with me ride it long ride it hard (...) charm the snake for me Charm it long, charm it hard, charm the skin from it's back for me" comment ne pas y voir une allégorie braquemardesque, copulatoire et onaniste ? Quant à la danse évoquée, on voit le genre, enfin la Lune tout le monde sait que ce n'est pas que le satellite naturel de la Terre mais aussi la face cachée de l'astre féminin, son fondement quoi. Donc un serpent charmé par la lune, dois-je faire un dessin ou l'analog

Betty Davis - Your mama wants ya back (1974)

Betty Davis, ex madame Miles Davis, délivre un groove torride, quand elle susurre ses paroles elle donne l'impression de vouloir copuler, quand elle émet des onomatopées grognements lubriques les rideaux prennent feu, l'eau bout. En plus la musique n'aide pas à garder son calme, le duo basse/batterie offre un mid-tempo langoureux, préludes à des épanchements prometteurs, la guitare et les claviers énervent comme des piqures de moustiques contrepoints nécessaires à l'élasticité de la rythmique. Tout concourt à envisager de fêter dignement la journée de l'orgasme (le 21 décembre) ... Pas de doute, quand Betty se mettait à chanter cela Miles pour une fois la laissait souffler dans le cornet !

Un Conte Musical perdu de Noël par U Mulateru (2015)

Une vieille histoire, retrouvée après un long oubli, à écouter le soir au coin du feu. Il y est question de "l'esprit du Noël", de l'harmonie enfin je crois ... Un Conte Musical Perdu de Noël by U Mulateru on Mixcloud

Fadoul - Sid redad (xxxx/2015)

Du funk brut en provenance directe du Maroc groovy à souhait et puis tout de suite comme un air de déjà entendu quelque part ... Mais c'est bien sur, James Brown Papa's got a brand new bag en arabe !!! Mais version sauvage du désert, ramassée, sèche et claquante. AL ZMAN SAIB by Fadoul

Näo - Glad (2011)

Douceur et quiétude c'est ce qui ressort des premières notes de Glad , mais ce n'est qu'apparence, rage et tempétuosité contenues sont là en arrière plan, prêtes à exploser si l'occasion leur en est donnée. Le sombre rôde, l'inquiétant s’immisce sournoisement, un peu à la manière d'un Nine Inch Nails parfois, cependant pas d'éclats pyroclastiques violents, de poussées de rage froide, de la maitrise (trop ?) dans la colère et la hargne afin de préserver un équilibre chaud/froid. Drôle de funambule.

La Fine Equipe - Make U greedy (2014)

Un classique dont le chanteur a eu un petit problème de puberté et dont on ne garde que la substantifique moelle en lui rajoutant des prions juste pour voir ce qu'il se passe. Jacob, j'ai décidé de l'appeler Jacob ce chanteur cobaye de notre expérience. Une mutation s'opère, d'abord sous forme synthétique et bassique d’obédience électro, puis un rythme hip-hop vient se greffer permettant à Jacob génétiquement prionisée de se déhancher, puis évoluant encore de danser, d'autant que grâce à sa nouvelle hyperacousie il entend mieux la musique, vachement bien mais frénétiquement comme pris de folie, puis harassé il a un coup de mou, il est perdu dans un champ, ( feld en allemand, ça a son importance) et il se met à creuser mais de manière totalement erratique et désorienté. Et alors il creuse feld Jacob avant de décéder totalement dément ...

Cortex - Hurluberlu (1977/rééd 2013)

L'hurluberlu est une personne extravagante, fantasque agissant et se conduisant de manière bizarre, un drôle de zèbre quoi ! Cortex, le groupe français de jazz-funk des années 70 pas le rappeur mal nommé mono-neuronal, le met en musique. Le résultat classe, pétillant et vif comme du Jeff Beck période Blow by blow , un petit bijou ébouriffé incontrôlable.

Kid Koala - Skanky panky (2003)

Kid Koala est un peu bourré, il rentre chez lui, branche platines, sampleur et se lance sans filet selon l'inspiration du moment. Virtuose des platines il enchaine d'improbables chorégraphies vinyliques, des tricks connus de lui seul. Le résultat: du ska trempé dans l'alcool, un peu boiteux et bancal, rehaussé de fulgurances de trompettes scratchées, le tout de haute tenue. Kid Koala invente un nouveau courant musical, mélange de ska, de turnabilism, de hip-hop, d'alcool et malgré tout très cool: le skalcoolisme !

Mathieu Boogaerts - Avant que je m'ennuie (2012)

Chanson de la douceur, de la tristesse, de l'espoir et de l'amour et du beau. Petite parenthèse enchantée. 

Mr TC - T.C. Sound (2015)

Sur le label de la moitié du duo Optimo , responsable de quelques mixes bien barrés. Mr TC propose une mixture minimale répétitive hypnotique à base d'une batterie sèche et volatile, d'une basse limitée et roborative, de deux partie de guitare la première effectue une boucle de quelques note tandis que l'autre sinue  au sein d'arabesques orientalisantes. Il en découle un krautrock abâtardi mâtiné de discodéine s'insinuant insidieusement dans la tête comme un serpent (présent d'ailleurs sur la pochette) afin de prendre le contrôle de l'auditeur pour l’emmener dans un sabbat infernal et vénéneux, vers sa perdition pour sa plus grande jubilation.

Swans - Some things we do (2014)

Comment rendre le quotidien moins monotone ? Facile il suffit de laisser les Swans le conter, tout de suite il prend une autre dimension, quelque part entre dépouillement, hypnose, abstraction onirique, moment de grâce, psalmodie,  répétition lascive et enchantement. Une parenthèse hors du temps, un flottement irréel mais tellement incarné en même temps. N'en retenons que l'essentiel: "We fuck, we love, we love, we love ..." To Be Kind by Swans

Bruit Noir - Joy Division (2015)

Question de génération ... Moins âgé, plus d'appartements, des gencives saines, les mêmes constats ... "C'est tellement triste qu'on soit entouré d'abrutis (...) on devrait supprimer tous les abrutis." Sombre, minimal et profond.

Adriana - Contigo (1977)

Visuellement c'est un mélange entre Sylvie Vartan et Dalida donc forcement inquiétant surtout en provenance du Brésil réputé pour ses transexu... heu ...  ses joueurs de foot bien sur ! Musicalement c'est beaucoup mieux. Sorte de disco ralenti, à la basse suave, aux percussions discrètes et aux cordes sirupeuses, parfait pour un dimanche après-midi passé à glander plus ou moins crapuleusement sous la couette, ou à siroter un thé au coin d'un feu. Brazilian Disco Boogie Sounds Vol.2 (1977-1984, selected by Charles Maurice) by Adriana

Black Sand - Black sea (2015)

Musique faussement pressée et véritablement inquiétante. Tapie dans les fonds marins obscurs, elle remonte et s'en échappe révélant les secrets engloutis, perdus depuis longtemps, remémorant les histoires oubliées, parfois volontairement. Insidieuse, elle se faufile emmenant avec elle des monstres sonores inconnus, vers aux sons variants, Poromitra crassiceps véritables résidus des temps passés oubliés de l'évolution. Mais plus que ces monstres réels ou fantasmés, elle charrie nos peurs profondes.

Jean-Louis Murat - Fort Alamo (Mighty Bop remix) (1996)

Deux choses dans ce titre. D'une part la musique, jazz hip-hop évanescent, joueur et délicat, produit avec classe et retenue (il faut l'admettre, même si c'est rare et que cela provoque quelques douleurs au fondement) par Christophe Le Friant aka Bob Sinclar. D'autre part les divagations qui peuvent être qualifiées de poético-éthiliquo-branleuses de Jean-Louis Murat. Car lui seul sait ce que ses paroles veulent dire et pourtant l'auditeur comprend instinctivement leur signification, il y est question d'une rupture et l'auteur en souffre. La rencontre des deux, musique et paroles (sans oublier leur diction et le timbre distancié/désabusé de Murat) crée une alchimie précaire et bancale nimbée d'un voile de mystère intemporel.

Grauzone - Eisbaer (1981)

Si Stephan Eicher a pu déjeuner en paix (pets ?) c'est parce qu'il a des haut et des bas et pas d'ami ainsi que ni remords ni regrets et combien de temps ? Mais avant il formait avec d'autres Grauzone, la zone grise, un espace interlope, mal défini où se créait une musique innovante mi punk mi synthétique mi rien à foutre (y aurait-il un mi en trop ?). Et Eicher était en ce temps là un doux dingue, dans un de ses projets antérieurs il faisait circuler une souris télécommandée hérissée de lames de rasoirs afin de semer la panique en son public ... Ici il est question d'un gars qui voudrait être un ours polaire, dont on a un peu rien à faire car vu la vitesse du réchauffement climatique on n'en entendra bientôt plus parler. Et puis sérieusement qui voudrait être un ours polaire pour se geler les miches sur la banquise, manger du poisson surgelé et sodomiser des phoques en guise de vie sexuelle ?

Sunn O))) - Kannon (2015)

Sunn O))) de retour en dissonances et vrombissements puissants . Un Sunn O))) au grand complet incluant outre les deux membres permanents le caverneux Attila Csihar, le protéiforme Oren Ambarchi et d'autres compagnons récurents du bruit comme Steve Moore, Brad Mowen, Rex Ritter. Un concept album tourné autours de la divinité bouddhiste Kannon, être relativement androgyne qui a la particularité de "considerer les sons du monde" et "entendre les appels de ceux qui prononcent son nom". Vu l'appel que lui a lancé Sunn O))), Kannon a pris cher dans ses tympans et doit à l'heure actuelle ressentir encore quelques bourdonnements ou avoir des acouphènes résiduels voire avoir sombré dans la surdité (ce qui compte tenu de ses attributions est un peu gênant ...). Bonjour la gueule de l'invocation nos compères n'ont pas fait dans la demi-mesure et se sont laissés aller avec entrain dans les décibels et la brutalité, contenue certes, sonore. Kannon b

Locrian - Inverted ruins (2010)

Des ruines inversées, voilà un concept déroutant. Une ruine est un reste d'une construction dégradée, abimée par le temps. Une ruine inversée qu'est-ce donc et dans quelle temporalité ? Si elle est inversée c'est qu'elle peut être encore construite, ou qu'elle est en bon état, voire neuve. Cela peut également être un édifice qui aurait été dégradé, plus ou moins détruit et qui connaitrait une rénovation, une réhabilitation. Mais dans ces cas là faut-il encore parler de ruine ? Et encore ce n'est qu'en considérant le coté architecture du mot ruine, mais cela peut également être le sens financier, moral, physique ... Serait-ce alors une sorte de renaissance après une déliquescence ? Musicalement ça laisse plutôt penser le contraire, une déchéance lente, douloureuse et inexorable.